Justice de l’enfance:

améliorer ou démolir ?

Mardi 16 décembre 2008, à 19h00

Maison des avocats, rue Taillepied à Pontoise





Une réunion de l’association “Besoin de Justice” avec

  • Hélène Franco, Présidente du Syndicat de la Magistrature,
  • Marie Noël Lyon, avocate, groupe « mineurs » du barreau du Val d’Oise,
  • Didier Peyrat, magistrat, co-fondateur de Besoin de Justice,

La commission “Varinard” a rendu son rapport à la ministre de la Justice. La logique générale des 70 propositions de ce document remet en cause de manière radicale les spécificités de la justice des mineurs (primauté des réponses éducatives, spécialisation des juridictions, atténuation des peines).

Plusieurs préconisations sont à cet égard emblématiques : la possibilité d’emprisonner un enfant dès l’âge de 12 ans en matière criminelle, l’instauration d’un tribunal correctionnel pour les 16-18 ans, la suppression des assesseurs citoyens.

Les conséquences de telles orientations ont -elles été évaluées ? A t-on tenu compte de l’avis des professionnels ? La commission Varinard a-t-elle travaillé dans un esprit de véritable concertation ou seulement souhaité répondre à une commande politique ? La justice de l’enfance doit-elle devenir identique à la Justice des adultes ? Comment se mobiliser, tant qu’il est encore temps, contre ce projet inquiétant ?

Pour débattre de ces questions, venez nombreux le 16 décembre prochain

——————————————————————————————————-
Pour tout contact : Marie Anne Soubré-M’Barki - tél : 06 15 26 19 05
Mail : masoubrembarki@aol.com
——————————————————————————————————-

Malgré le cataclysme engendré par l’affaire d’Outreau, les inconvénients d’une réforme de la Justice à moindre coût et la mise à néant des valeurs humaines se poursuivent.

Rappelons-nous les travaux parlementaires de la Commission Outreau qui avaient suscité un formidable espoir, tant dans l’esprit du public, que des professionnels de justice, d’une véritable réforme sous l’égide de la présomption d’innocence, de l’égalité de tous devant les Juges, du plus grand respect de la personne humaine (qu’elle soit auteur, victime, malade, majeur ou mineur…).

Ce n’était qu’un vœu pieux, peut-être même un leurre.

Car c’est l’inverse qui, malheureusement, se produit.

Avec l’inflation législative actuelle produisant des réformes successives, c’est une nouvelle conception de la justice qui s’avance insidieusement.

Les Magistrats sont concernés, mais aussi les avocats et surtout les citoyens.

La politique pénale insufflée et actuelle est alimentée par des déclarations populistes ou électoralistes et n’est guidée que dans l’unique but de répondre à l’émotion générée par les faits divers.

Cette démarche est dangereuse, injustifiée, injuste et n’aboutira qu’à l’inverse de ce qui était escompté dans l’esprit de nos concitoyens.

Dans une première étape, la Garde des Sceaux a souhaité une refonte de la carte judiciaire.

Quelle belle idée si une véritable analyse et une véritable concertation avaient été effectuées en amont.

Le constat aujourd’hui est simple et alarmant : plutôt que de rapprocher le citoyen de son Juge, on l’éloigne. Tout d’abord géographiquement (pour certains il leur faudra parcourir plus de 200 kms pour pouvoir être entendu par un Juge), puis attributivement en réduisant son champ d’intervention dans de nombreux domaines, lui ôtant des prérogatives, des possibilités d’intervention et de contrôle.

Sous prétexte d’économies budgétaires, on ne renforce pas les moyens de la Justice, mais on redéploie ses faibles moyens et on se passera des juges dans bien des domaines… (peut être pour que ceux-ci se concentrent sur la répression des violences urbaines plutôt que sur celle de la délinquance en col blanc ?…)

De nombreux textes législatifs, voire de discussions, démontrent que l’on souhaite détruire des pans entiers du droit (notamment en matière de divorce, de licenciement, de problèmes liés à la circulation routière et d’autres encore), privant ainsi de la possibilité d’être défendu et surtout entendu.

Ne parlons pas en outre du choix politique qui supplante les critères objectifs concernant les juridictions sauvées ou sacrifiées dans le cadre de cette carte, ni des Cabinets d’avocats qui ont été fermés et dont les conséquences humaines et financières sont indescriptibles.

Puis, ce fût l’utilisation du désir légitime de sécurité de nos concitoyens pour promulguer une nouvelle Loi appelée “Loi sur la récidive” du 10 août 2007, créant ce que l’on appelle communément les “peines plancher”, alors que l’on n’a pas pris le temps de mesurer les effets de la toute récente Loi du 12 décembre 2005 sur le traitement de la récidive.

Avec ce nouveau durcissement, le fossé se creuse entre deux parties de la population : celle la plus démunie et qui se verra infliger des peines particulièrement sévères, inversant par là même les principes entre la détention et la liberté, et celle des plus favorisée, d’un autre côté, des travaux engagés au sein de la Chancellerie pour la dépénalisation du droit des affaires en étant le corollaire.

Ceci équivaudrait en quelque sorte, et sans caricaturer, à condamner à une peine ferme d’un an un jeune de 18 ans qui aurait commis le délit de vol d’une tablette de chocolat à deux reprises et, dans le même temps, ne pas poursuivre un chef d’entreprise qui aurait détourner par l’intermédiaire d’un abus de bien social des sommes pouvant être de plusieurs millions.

Dans les deux cas, il s’agit d’un recul grave de la place du Juge. Dans le premier cas, parce qu’il ne reste qu’une minuscule marge d’appréciation face à une peine presque automatique, dans le deuxième cas, on se passerait purement et simplement du Juge.
Est-ce la justice que l’on souhaite pour nos enfants ?

Puis, aujourd’hui, c’est le projet de Loi relatif à la rétention de sûreté.

Là encore, on s’évertue à stigmatiser une partie de la population contre une autre, victimes contre auteurs, personnes dites normales contre personnes dites malades mentales.

Ainsi, au mépris de tout principe, le Gouvernement, dans une démarche purement démagogique et trompeuse, suscite une nouvelle Loi de circonstance, entretenant la confusion entre répression et prévention. Ce texte porte une nouvelle atteinte intolérable au principe de la souveraineté de la décision de justice en la vidant de son contenu préventif, et constitue en réalité un emprisonnement au nom de crime que l’on pourrait commettre et non en raison des infractions effectivement commises.
Comme si pour éviter une seule éventuelle récidive, on se devait d’en enfermer des milliers !

Les réformes actuelles tendent à la création de peines automatiques, à stigmatiser une partie de la population contre une autre, à créer un déséquilibre entre les justiciables les plus démunis et les plus favorisés.

Il suffit de se rappeler du cas du petit Ennis à l’occasion duquel a été stigmatisée la récidive d’un sortant de prison, alors même que personne ne s’est posé la question de savoir si les soins qui auraient dus être prodigués l’avaient été dans le cadre de l’incarcération de l’auteur.

Bien évidemment que non, enfermer est plus facile et moins coûteux que de soigner.

Au surplus, sous couvert d’économies budgétaires, le budget de la Justice (ainsi que celui du ministère de l’Intérieur) n’est principalement affecté qu’à la répression, oubliant toute prévention et négligeant les moyens nécessaires à la prévention de la récidive.

C’est ainsi par exemple que l’affectation des éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse se fait prioritairement au sein des établissements pénitentiaires pour mineurs, tandis qu’en raison des postes vacants ou insuffisants, un mineur, dans de nombreuses zones sinistrées, attend 4 à 6 mois avant d’être effectivement suivi par un éducateur, quand bien même il est passé devant son Juge très peu de temps après le délit (et de plus en plus souvent aussitôt après la garde à vue).

C’est ainsi également que la Loi de mars 2007, improprement nommée comme étant relative à la prévention de la délinquance, concentre maintenant entre les mains du ministère de l’Intérieur le budget qui devrait être consacré à la prévention de la délinquance, lequel, vu du terrain, semble se réduire à une peau de chagrin.

Cette réforme de la Justice oublie volontairement les grands principes qui ont fait la force de notre état, que le Juge doit toujours être au dessus des parties (qu’elles soient victime ou auteur), et ne jamais déséquilibrer la balance en faveur d’une partie plus que d’une autre.

L’homme politique devrait lui aussi être au dessus de l’émotion et de l’émotivité d’une partie de la population contre une autre et faire en sorte que la Loi s’applique que l’on soit riche ou misérable, que l’on soit de gauche ou de droite, que l’on soit un homme ou une femme, française ou non et quelle que soit sa religion.

Les réformes qui se succèdent sans répit depuis cet été, sans concertation préalable avec les professionnels de la Justice ni débat sur leurs conséquences et leurs enjeux pour la société et l’équilibre de ses pouvoirs, de tels assauts portés aux principes fondateurs de notre Etat de droit, nous font craindre que l’édifice judiciaire, de plus en plus fragilisé, ne s’effondre.

BESOIN DE JUSTICE, association interprofessionnelle, entend s’élever contre cette entreprise de destruction de notre institution judiciaire, la seule garante de l’égalité des individus devant la Loi.

Frédéric Zajac et Didier Peyrat

Les 12 et 13 juin prochain à Amiens se dérouleront les XIe rencontres nationales de Citoyens et Justice, fédération des associations socio-judiciaires qui depuis 1982 a pour objectif de développer un secteur associatif, d’en assurer la cohérence et de mettre en œuvre les missions socio-éducatives en milieu judiciaire.

Le thème principal de ces deux jours de rencontre est “le placement extérieur, un partenariat pour le développement d’un aménagement de peine efficace”.

Au programme de la première journée:

    - L’évolution des politiques pénales en France et en Europe:

    Intervention prévue de Philippe HOUILLON, Avocat, député du Val d’Oise, membre de la Commission Outreau et d’un magistrat dont l’identité n’est pas encore définie.

    - Les différentes mesures d’aménagement de peines en France:

    Intervention de Karine GONNET, Magistrat au service des affaires européennes et internationales.

    - Table ronde: Regards croisés sur la mesure de placement extérieur:

    Intervention de Yves LECHOPIER (directeur de l’APRES), Jacques NORMAND (directeur départemental du SPIP du Finistère), Philippe POTTIER (Adjoint au sous-directeur des personnes placées sous main de justice, Fréderic ZAJAC (Avocat au barreau du Val d’Oise et membre de BDJ) et un juge de l’application des peines.

Dans l’après midi, différents ateliers sont proposés aux participants articulés autour de la mesure de placement extérieur et dont la présentation sera assurée par Serge MOATI chargé également d’animer les deux jours de débats.

En fin de journée, Christian FOURNIER (président du groupe post-sententiel), Claude GAULTIER (Vice-président de l’Application des Peines au TGI de Valenciennes) et Philippe POTTIER feront une présentation des travaux réalisés par la Fédération de l’Administration Pénitentiaire et l’ANJAP sur le placement extérieur.

La seconde journée sera consacrée dans un premier temps à la restitution des ateliers par les rapporteurs qui sera suivi par un reportage relatif à des témoignages de personnes ayant bénéficié de la mesure de placement extérieur.

Une table ronde sur le thème de l’avenir de la mesure sera ensuite organisée en présence d’un sénateur membre de la commission des lois.

la clôture de ces deux journées interviendra en début d’après midi avec une intervention du Président de Citoyens et Justice et de Madame la Garde des Sceaux Rachida DATI.

Il vous faudra débourser 75 € au total pour ces deux jours outre 30 € pour les frais de repas.

Pour tout renseignement:

APRES: 03.22.66.46.40
Citoyens et Justice: 05.56.99.29.24
ESPERER 95:01.30.38.86.66

Le débat sur une énième réforme du divorce fait rage et provoque désespoir depuis quelques jours.

Sur proposition du ministère des finances, le divorce par consentement mutuel deviendrait l’affaire des parties, sans juge et sans Conseil indépendant.

« Cette piste de travail » énoncée par le Garde des Sceaux, Rachida DATI, laisse perplexe sur la motivation profonde de l’auteur de « l’idée du jour ».

Le divorce par consentement mutuel est bien évidemment le fruit d’une négociation aboutie, dont le processus implique l’éclairage de professionnels du droit et le contrôle de l’institution judiciaire.

Si le démariage ne reposait désormais que sur la seule volonté des parties, s’il s’agissait de faire prendre acte de la rupture, l’ère de la loi du plus influent ou du mieux informé pourrait être aujourd’hui proclamée.

C’est alors que l’ombre du ministère public en charge de la protection des intérêts légitime de cette institution, présente aux origines du mariage s’effacera à la dissolution de celui-ci …pour laisser la place à une grande négociation dont le Conseil et le Juge ne font qu’un en la personne du Notaire !

Les époux pourront bien évidemment saisir chacun un Conseil et dans cette hypothèse la négociation précèdera certainement le prononcé du divorce avec cette incertitude, quid du temps et des frais investis en cas d’échec ?

Ce Conseil en charge de la liquidation de la communauté (dette et avoir), de la vente du bien immobilier au mieux des intérêts de ses clients, devra conserver un œil compatissant sur les enfants « boulets » de ces procédures !

Enfin si nous ne sommes plus dans le cadre d’une instance judiciaire, du procès, mais dans celui d’une homologation privée, les parties éclairées de la seule lumière du rédacteur de l’acte avide de concrétisation, disposeront elle d’un recours ?

La justice à l’économie ne peut se rendre sur le dos d’une procédure qui fonctionne !

Et surtout l’économie de la justice est une discipline qui ne peut prendre pour base le mépris du justiciable lambda.

Par ailleurs, aujourd’hui l’Etat assure via sa contribution au titre de l’Aide Juridictionnelle, un droit au divorce pour tous.

Le notaire, professionnel pressenti comme solution à un engorgement des tribunaux, sera-t-il le nouveau bénéficiaire d’un système largement sinistré ?

Ne peut-on pas recourir à l’homologation d’une procédure de séparation amiable « dépaysée » vers le Tribunal d’Instance ?

Une fois de plus, Le garde des sceaux semble avoir fait sienne la devise de la goutte de pluie : la ligne droite quant bien même serait elle une chute, est certainement un raccourci.

Que l’on se renseigne, la réforme de la justice ne peut se faire en sautant à pied joint dans les flaques !

L’Association Besoin de Justice, collectif pluridisciplinaire de professionnels de la justice, s’associe aux protestations des organisations représentatives des magistrats, du personnel des greffes et des avocats concernant l’actuelle réforme de la carte judiciaire menée par le gouvernement au pas de charge.

Nous confirmons ainsi que la concertation auprès des professionnels de Justice dont se targue le Ministre de la Justice n’a pas eu lieu.

Nous estimons que la suppression de tribunaux de proximité et la concentration des lieux de justice, projetée par le gouvernement sur la base de purs critères budgétaires et mathématiques, amènera nécessairement une dégradation des conditions dans lesquelles la justice sera rendue :

- plus lente (les personnels et dossiers des tribunaux supprimés vont s’entasser dans des locaux déjà engorgés),
- plus couteuse (frais supplémentaires de déplacements ou de représentations en Justice)
- moins efficiente (en raison d’un nombre plus important d’absence des justiciables aux audiences).

Et dés lors qu’aucun moyen financier de compensation n’est prévu par le gouvernement, notamment une revalorisation conséquente de l’Aide juridictionnelle, le citoyen, éloigné des lieux de Justice, sera privé d’un réel accès au droit et d’une défense utile de ses intérêts.

La proposition gouvernementale que la représentation en justice par avocat devienne obligatoire et générale ne saurait en outre satisfaire ni des professionnels déjà insuffisamment rémunérés au titre de l’Aide juridique ni des citoyens interdits d’accès direct leur juge pour les litiges de petite ou moyenne importance.

Le gouvernement ne cherche-t-il pas finalement à décourager le citoyen de saisir la justice, dans le seul but de réaliser des économies budgétaires sur le service public de la Justice ?

Pour notre part, nous appelons à l’organisation d’un réel débat national sur l’accès au droit et la justice du citoyen, en considérant que les professionnels ne pourront pas faire l’économie d’une réflexion critique sur leur propre responsabilité dans l’état de fragilité du système judiciaire et de son lien avec la société civile - fragilité qui explique d’ailleurs la facilité avec laquelle le gouvernement opère les bouleversements actuels.

Créé à l’origine sous la forme d’un simple collectif, Besoin de Justice devient aujourd’hui une association afin d’adapter ses structures à l’intérêt suscité par cette initiative. Des professionnels du droit de tous les coins de France se disent en effet intéressés par la démarche de BDJ.

Au cours d’une assemblée constitutive du 5 juillet 2007, les statuts et la charte de l’association ont été adoptés. Statuts et charte sont disponibles à la consultation sur le site. Les statuts sont en cours d’enregistrement auprès de la Préfecture.

A l’issue de cette assemblée, il a été procédé à l’élection du conseil d’administration de l’association. Ont été élus:

  • Adélaïde PIAZZI (avocat)
  • Stéphane WINTER (magistrat)
  • Emilie BURGUIERE (magistrat)
  • Evelyne HANAU (avocat)
  • Chantal RODIER (magistrat)
  • Frédéric ZAJAC (avocat)
  • Stéphane COUSIN (chef de service éducatif, PJJ)
  • Mélanie ANCEL (directrice d’un foyer, PJJ)
  • Candice DAGHESTANI (magistrat)
  • Valérie MENARD (avocat)
  • Pasacle DEMARTINI (directrice d’un service d’insertion, PJJ)
  • Marie-Anne SOUBRE-M’BARKI (avocat)

Marie-Anne SOUBRE-M’BARKI a été élue présidente, Chantal RODIER, Evelyne HANAU ont été élues vice-présidentes, Pascale DEMARTINI a été élue secrétaire générale Adélaïde PIAZZI a enfin été désignée trésorière de l’association.

Fréderic ZAJAC s’est vu confier la communication avec la presse, Laurent BINET (avocat) étant en charge de la communication internet.

L’appel à cotisation (25 €) sera lancé à la rentrée de septembre ainsi que la détermination du programme de travail de l’association pour la fin de l’année 2007 et l’année 2008. Alors n’hésitez pas à nous contacter dès maintenant en lisant au préalable la charte.

Ce communiqué est aussi l’occasion de remercier Didier Peyrat (magistrat), l’un des fondateurs de Besoin de Justice, sans qui rien n’aurait été possible.

“Besoin de Justice”, association interprofessionnelle d’échanges, de réflexions et de propositions sur la justice regroupant des professionnels impliqués dans le fonctionnement de la justice, s’élève contre le projet de loi tendant à lutter contre la récidive et plus particulièrement les dispositions afférentes à la suppression de l’atténuation de peine pour les mineurs.

Juger un mineur comme un majeur est contraire à tous les principes d’une société démocratique évoluée desquels il résulte le constat selon lequel un adolescent, même âgé de 16 à 18 ans, demeure un individu en construction et non un adulte.

Que le droit a vocation à s’appliquer à tous de façon égalitaire et non sectaire et ne saurait être une source d’inéquité. Il est en effet paradoxal de vouloir abaisser la majorité pénale et de juger un adolescent comme un adulte alors que pour tous les actes de la vie civile il bénéficie de la protection des incapables.

Sans contester le désir de sécurité légitime de nos concitoyens, le texte proposé n’a qu’une valeur démagogique que nous contestons.

Les textes en vigueur permettent déjà au juge de ne pas faire application de l’atténuation de peine dans les cas les plus graves et notamment en cas de récidive.

Enfin, “Besoin de justice” s’étonne que les professionnels de la justice n’aient pas été réellement consultés sur des sujets aussi graves touchant à la vie de nos enfants afin qu’un diagnostic informé soit établi permettant des propositions de réforme efficaces et claires.

Une véritable réflexion transversale, décloisonnée, dans une démarche en même temps critique et réaliste doit être menée sur la justice des mineurs.

“Besoin de Justice” l’appelle de ses vœux !

Le collectif Besoin de Justice, qui réunit des magistrats, des avocats, des éducateurs, condamne vivement l’agression dont a été victime, à Metz, Jacques NORIS, Vice président chargé des mineurs et tient à exprimer son soutien à ce magistrat.

Au delà du fait lui même, d’une extrême gravité, le collectif tient à rappeler que la justice de l’enfance fait face, avec des moyens dérisoires, et dans des conditions de sécurité insuffisantes pour les magistrats et les fonctionnaires des greffes, à une montée de la violence qui s’exprime aussi bien dans le contentieux civil que dans le contentieux pénal. On constate également que de plus en plus souvent les éducateurs sont confrontés à des comportements discourtois ou violents de la part de certains jeunes ou de leurs parents.

Cet incident dramatique montre à quel point la justice, et particulièrement celle de l’enfance, est confrontée à une crise de moyens sous-estimée depuis longtemps par les pouvoirs publics.

Ainsi, au TGi de Pontoise, les audiences d’assistance éducative (le contentieux des familles en grandes difficultés) se tiennent souvent, en raison de la charge de travail et d’un effectif notoirement insuffisant, en l’absence de greffier. Dans le département du Val d’Oise, les affaires d’assistance éducative connaissent une croissance extrêmement importante depuis plusieurs années.

Cette agression illustre l’urgence qu’il existe à poser le problème de la justice dans toute son ampleur, qu’il s’agisse de sa place dans la société, du respect de l’autorité judiciaire, que du peu de moyens mis à sa disposition.

Nous souhaitons, loin des polémiques faciles qui ont cherché à discréditer les magistrats en faisant d’eux les boucs émissaires de tous les problèmes de société, que s’ouvre un grand débat national sur la justice, précédé d’un véritable état des lieux, y compris sur les questions de sécurité internes à l’institution.

BESOIN de JUSTICE

« Demain, il sera trop tard »

Le 6 mai prochain, les citoyens feront un choix entre deux candidats à la Présidence de la République. Le collectif « Besoin de Justice », dans le respect des opinions de chacun, souhaite attirer l’attention de ceux qui s’intéressent à la Justice sur le fait que deux projets très différents leur sont présentés.

Le programme de monsieur Sarkozy, qui semble vouloir poursuivre une entreprise de décrédibilisation entamée depuis plusieurs années (cf. notamment ses critiques incessantes et souvent mal informées de décisions prises par des juridictions) nous inquiète car il comporte des mesures qui dégraderaient la qualité de la Justice.

Parmi celles-ci, les plus graves nous paraissent :

- L’instauration de « peines planchers », qui, en fixant des sanctions minimales automatiques, porte atteinte à l’individualisation des peines, au pouvoir d’appréciation des juges, ainsi qu’aux possibilités de la défense, conditions d’une justice humaine.

- La suppression de l’atténuation de peine pour certains mineurs, qui, outre qu’elle les transformerait fictivement en « majeurs », aboutirait à une augmentation très importante des détentions de jeunes de moins de 18 ans.

- Le projet de fermer de nombreux établissements judiciaires (un tribunal de grande instance sur deux dans le projet de l’UMP et plusieurs cours d’appel) qui rendrait plus difficile l’accès à la justice, déjà très perfectible.

Conscients de la crise de l’institution judiciaire, mais aussi de son rôle essentiel comme instance indépendante, inspirant confiance, nous souhaitons une réforme intelligente, scrupuleuse et non démagogique de la Justice. C’est la raison pour laquelle nous appelons les citoyens, tous potentiellement concernés, à refuser la rupture brutale ainsi proposée.

Besoin de Justice regroupe des professionnels (magistrats, avocats, éducateurs, travailleurs sociaux…) impliqués dans le fonctionnement de l’institution judiciaire et réunis par une référence commune à la lutte contre les inégalités sociales (y compris les inégalités d’accès au droit). Nous souhaitons ouvrir la porte à un débat public, informé, décloisonné et citoyen sur la Justice.

Pour tout contact : besoin-de-justice@laposte.net

« Besoin de Justice » est un collectif interprofessionnel d’échanges, de réflexions et de propositions sur la Justice.

Ce groupe a vocation à réunir des professionnels impliqués dans le fonctionnement de la Justice ou celui d’institutions partenaires qui souhaitent réfléchir ensemble à un diagnostic informé, aux questions de fond impliquées par le jugement, la défense et la poursuite, ainsi qu’à des propositions de réforme. Ces propositions s’inscrivent dans une perspective de changement réaliste qui, loin de nier les problèmes et les dysfonctionnements de l’institution judiciaire, cherche à l’améliorer sans détruire sa substance.

Nous partons de l’idée qu’existe un besoin massif de droit et de justice, et qu’il convient d’essayer d’y répondre, en refusant aussi bien une « rupture » qui ramènerait la justice à une simple branche de l’exécutif, que le statu quo qui, en se bornant à une défense et illustration des modes de faire actuels, ne permettrait pas de résoudre une crise de confiance bien réelle.

Ainsi, notre collectif a vocation à regrouper des magistrats, avocats, juges administratifs, assesseurs citoyens de juridictions, policiers, gendarmes, éducateurs etc. désirant réfléchir de façon transversale et décloisonnée aux questions de Justice, dans une démarche en même temps critique et réaliste. Nous estimons que c’est par le « croisement » des regards et des pratiques qu’on augmente les chances d’analyses pertinentes et de réformes faisables.

En même temps, dans un souci de clarté et parce que notre efficacité dépend d’une vision commune, notre projet s’est construit autour d’une référence partagée à la lutte contre les inégalités sociales (y compris les inégalités d’accès au droit). C’est dans ce cadre que nous voulons contribuer à l’émergence d’une justice différente, à l’indépendance garantie, et mieux insérée dans la société civile.

Le 5 avril, nous avons organisé une réunion publique à Pontoise afin de témoigner de notre inquiétude sur la façon dont la Justice était traitée dans la campagne présidentielle, et de notre refus de certains projets qui nous paraissent dangereux pour l’avenir de cette institution. La rencontre a été un succès, puisque prés de 100 professionnels de tous horizons (dont des avocats, magistrats, policiers et éducateurs) y ont participé, et la presse, nationale et locale s’en est fait l’écho. Mais la discussion publique sur la justice rebondira, quel que soit le résultat des élections, et c’est la raison pour laquelle nous avons fondé un collectif permanent.

Contacts par courriel